Anouchka Desseilles. L’AFRIQUE REND LA VIE PLUS BELLE

‘ Exposition du mardi 3 au samedi 8 décembre 2019 ‘

Dans le cadre de Galerie Frédéric Roulette – Hors Les Murs –

Salle Municipale de L’arsenal place JB Marcet – 17000 La Rochelle en partenariat avec l’association Art&Co

 

 

Anouchka Desseilles

Présentation

« Je m’agite dans une vie rugueuse dont les deux pôles sont constitués par la vermine et une extravagante poésie . Vivant au milieu de fous sordides et lyriques comme ceux au milieu desquels aujourd’hui je vis, je crois que je puis être encore fier d’avoir assez de bon sens pour observer tout cela lucidement… »

Lettre du 31 août 1932 Michel Leiris, L’Afrique fantôme

La Galerie Frederic Roulette Paris vous propose en partenariat avec l’association rochelaise «A rt and Co» une exposition exceptionnelle d’ œuvres dédiées a l Afrique d’ Anouchka Desseilles .Vous pourrez ainsi découvrir a la salle municipale de l’Arsenal, réunies une sélection d’oeuvres choisies de l’artiste, et notamment une série de peintures monumentales ou l artiste exalte des portraits de femmes rencontrées en Casamance.

Entre 2005 et 2010, AD voyage en Casamance (Sénégal). Dans les séries Sacs et L’Afrique rend la vie plus belle, individus et objets manufacturés du quotidien sont placés côte à côte, comme un constat porté sur nos sociétés humaines. Sociétés diluées dans l’économie mondiale, où l’attrait des cultures dominantes s’impose par la puissante séduction qu’elles inspirent. Ce travail a été présenté au Musée de la Poste en 2011. Au cours de ces voyages, ses activités vont s’étendre également au domaine de l’enseignement par le biais d’ateliers d’arts plastiques improvisés avec les enfants de Casamance.

En 2013/ 2016, je récolte d’anciennes photographies issues des expositions coloniales. Ces photos re- présentent des villages indigènes reconstitués dans le cadre des expositions universelles du début du XX émesiècle.Parmicesindigènes,setrouve,laVénushottentote:  SaartjieBaartman,exhibéedanslesfoiresà monstres. Ses organes disséqués par l’ anatomiste Cuvier feront l’objet d’études et seront exposés dans les musées. Le scientifique établira à partir de ses recherches une thèse raciste sur l’infériorité des races.

À partir de cette histoire véridique, j’évoque la persistance de nos comportements coloniaux. Mes dessins et peintures mettent en scène la séduction d’un eldorado, incarnée par le toubab (le blanc). Par opposition ces dessins éclairent aussi notre curieuse manière de voyager aujourd’hui:  réservation auprès d’agences de voyages, d’hôtels de luxe. Destinations de rêves, bords de plages privées, sable fin et doré:   autant d’espaces sur lesquels l’ autochtone n’est plus autorisé à passer…

Le tourisme sexuel fait aussi partie du paysage quotidien de ces grandes villes chargées d’exotisme. Certaines peintures s’ inspirent de mon dernier voyage à Bamako (2013). Sous éclairages pop et désenchan- tés, atmosphère de boîtes de nuit, jeux de séduction entre prostituées Maliennes et touristes de passage.

Le corps féminin comme champ d’exploitation est revisité en cruel écho aux Trois grâces:  corps marchan- dise, associé au café, canne à sucre, coton. Les registres politiques, sociologiques, culturels se superposent, s’entrechoquent pour créer des surprises.

 

DESSEILLES ET D’AILLEURS

Anouchka Desseilles

Texte de François Julien Paris – 2016

Un, deux, trois, Anouchka a Africa se va, cahin caha, dans l’expectative et le fracas, elle chemine a l’avenant, à l’aventure du levant. Elle porte dans ses bagages la glaise du nord, celle qui rougeoie au contact du cœur, du labeur des hommes et avec laquelle elle a dépeint les paysages et les travailleurs du Pas de calais de son enfance.

Du cabotinage au vagabondage dans un improbable camion frigorifique Tiznit Tan Tan, Tarfaya, Kafountine via Bir Gandouz Réminiscences, insouciance, puis vient la fulgurance des paysages d’Afrique, la lumière vive et saturée de ciels immenses, un peuple multicolore, et dés lors tout est bousculé. Contemplative elle s’attache d’abord au motif, surgissent des paysages lancinants, sensibles , sorte d’impressions soleil devant, puis viennent les paradoxes d’un peuple, ses codex, son rap- port à la vie qui n’ont que faire du Toubab et de ses règles continentales Elle s’immerge alors dans l’ère africaine, adopte son rythme, se confond dans l’errance lumi- neuse et chaotique d’une société première Sa peinture s’affirme, à la fois chaleureuse et brutale, addictive et insurgée, à la manière de ce qu’elle vit, résolue au réel et à sa part d’indicible. La violence côtoie l’espérance, les gamins hilares peuvent être affamés, les femmes bariolées, harassées dans leur dignité, les douaniers véreux amadoués ; la nature y dicte ses règles dra- coniennes, faire fi des carences et de la distance et malgré tout se laisser conditionner par les stigmates du colon, partout le packaging des produits importés, du riz, des sodas, des envies sous vide. Ici tout est force et tout est contraire, mais tout prend place, Anouchka aussi. Sa touche prends dés lors la mesure des êtres , de l’échelle des valeurs coutumières ; de simple témoin elle glisse nonchalamment, profondément jusqu’aux racines, à l’embrun, à l’expression d’un monde autre. Pour autant sa peinture, ses carnets de voyage, ne prennent pas la teneur exotique qui distancie l’auteur de son sujet, elle demeure présente, impliquée dans des liens sociétaux qui la questionnent à en rugir.