Olivia Clavel

Olivia Clavel – Tout est vivant

La vie est étrange mais elle ne devrait pas nous être étrangère. La vie est mystérieuse mais ce mystère trouve des correspondances dans le voyage symbolique de nos âmes. La peinture d’Olivia Clavel, c’est la vie. Où commence la vie ? Où s’arrête-t-elle ? On regarde un arbre et c’est un visage qui apparaît : avec des yeux, un nez, une bouche, des lèvres comme un serpent rouge et un serpent rose enlacés. On regarde un brin d’herbe et c’est encore un visage qui nous sourit. On regarde des fleurs et on voit des esprits. Mais lorsqu’on regarde un visage humain, également, on voit des arbres, des herbes, des fleurs, des lèvres comme un serpent rouge et un serpent rose enlacés ou des esprits. La vie est partout, la vie est en tout et tout est plein d’âme. Et si on regarde longtemps la nature, on voit sans cesse que ce qui la compose est rempli de personnalités, de puissances, d’esprits.

La peinture d’Olivia Clavel, c’est la vie. C’est parce que nous ne sommes pas assez vivants que nous ne percevons pas aussi sensiblement que dans la peinture d’Olivia Clavel toutes les métamorphoses, toute la puissance de régénération, de manifestation et de spiritualisation qu’il y a dans la vie. Parce que la vie n’a ni commencement ni fin. Du plus petit brin d’herbe à la plus haute montagne, elle n’est que métamorphose. Les arbres nous le montrent, nous le murmurent. Les arbres sont nos grands enseigneurs. Nous ne les regardons pas assez longtemps, ou pas assez vite : sinon nous verrions ce que la peinture d’OIivia Clavel nous apprend à voir. Les grands artistes sont là pour nous montrer ce que nous ne voyons pas encore ; ce que, sans eux, nous ne savons pas et pourtant devrions voir. Grâce à eux, avec eux, nous le voyons.

Tout l’œuvre peint d’Olivia Clavel est un voyage entre ce monde et les autres, tous les autres. Elle se situe à la fois sur cette Terre et au-delà et elle en perçoit toutes les correspondances. Chaque toile est comme un point d’étape de ce voyage : sa palette de couleurs se modifie, les formes de son trait se modifient, les espaces entre les motifs se modifient, et, enfin, les sujets se modifient. Lentement et sûrement, comme une mélodie qui se transforme ligne après ligne, mais compose un seul grand chant, la peinture d’Olivia Clavel évolue : elle passe d’un voyage spatial à l’exploration d’une planète nouvelle. Elle part dans l’autre monde et revient dans celui-ci – accompagnée de tous ses esprits. La peinture d’Olivia Clavel est la projection de tout ce que nous avons vécu, vivons, vivrons. Nous sommes passés par l’espace des covids comme Télé dans son Bus Magique et désormais nous nous confrontons à une couche plus profonde de ce qu’est la vie. Et nos esprits se connectent aux puissances de la nature qui nous embrasse et ne cesse jamais de nous porter.

Et Olivia Clavel peint l’Arbre de Vie. L’Arbre de Vie, c’est l’arbre cosmique qui relie le haut et le bas, des couches les plus profondes du cosmos jusqu’à la surface sensible de nos peaux. Jadis les poètes visionnaires nous avaient averti la nécessité d’entrer en intelligence avec la nature : Victor Hugo (« Tout parle, l’air qui passe et l’alcyon qui vogue / Le brin d’herbe, la fleur, le germe, l’élément »), Gérard de Nerval (« Respecte dans la bête un esprit agissant / Chaque fleur est une âme à la Nature éclose »), Charles Baudelaire (« La Nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles »). La Nature a besoin de nous pour s’exprimer, et nous sentons, désormais, que nous ne pourrons survivre à sa destruction, dans ce monde comme dans les autres. La peinture d’Olivia Clavel rejoint à la fois l’écologie profonde, l’hypothèse Gaïa, et le voyage dans le caractère transitoire de cette manifestation, Maya. La peinture d’Olivia Clavel, c’est la vie infinie.

Pacôme Thiellement