Paella? et Paella Chimicos

PAELLALPHABETISATION. 

En plus de vingt années passées à ses côtés, et malgré notre complicité, je n’ai jamais pu m’adresser à Paella autrement qu’à Paella, je n’ai jamais pu dissocier l’homme de son œuvre, tant son univers s’impose à moi avec force.

Rares sont ceux, les Bosch, les Daumier, les Saint Exupéry, qui ont su instituer un langage simple à la portée universelle quasi-immédiate, Paella est de ceux-là.

D’un système plastique d’écriture, il a su extraire et créer une ingénieuse machinerie à penser la peinture et à écrire la vie. Miroir au questionnement des êtres discontinus, ses compositions ont ceci d’essentiel qu’elles nous entrainent sur leur terrain de jeu, prés clos par la magie de l’écriture. Là, elles nous irriguent et nous renvoient, différents, à notre condition.

Mais l’apparent archaïsme des fondations n’a de cesse de questionner la complexité de l’acte pictural, de fustiger les anciens, proches ou lointains, et de poser de nouvelles bases de dialogue, avec comme ligne d’horizon, une véritable exigence intellectuelle.

Cette expression primitive, chère à Picasso et à Dubuffet, Paella a toujours su la nourrir, la faisant vibrer et évoluer en lui donnant du sens. Car nul système dans le système Paella, nulle vérité établie, mais des mécaniques fluides de pensée et de peindre, de véritables anticorps de la répartie.

Ainsi Paella alla jusqu’à sacrifier un Paella originel, pour donner plus de vigueur et de légitimité au suivant, et éviter l’écueil du conformisme.

Sans compter son travail de pamphlétaire qui est concomitant, autant que préalable.

Nous sommes ici à la source : son rattachement à l’époque et à l’actualité, sans doute son ressort premier, la nécessité de se sortir de ses limbes et de se confronter d’abord à l’inouï du réel. Car Paella est un personnage complexe et pluriel en perpétuelle « réflection » de son temps et de ses problématiques.

Je crois profondément que Paella souhaite d’abord nous interpeller, par les balises de son alphabet et le champ de sa vision, nous exhorter à vivre, à réfléchir et à agir sans doute autrement.

Frédéric Roulette

 

 

HISTOIRE

Peintre-Affichiste franco-espagnol né en 1962, travaille à Paris.

De « Paella Chimicos » (1985-1999) à « Paella? »(2000-…) l’outil figuratif développé par l’artiste a pour but de questionner à la fois la mise en jeu de l’œuvre elle-même et d’une représentation allusive à la comédie humaine contemporaine. Systématiquement une phrase, une formule aphoristique vient se poser sur ses images peintes, forçant ainsi la lecture de deux registres – chacun souvent offrant des double-sens, voire plus ! – en prenant un malin plaisir à une équivocité qui s’en trouve démultipliée. Aussi Paella a l’exigence simultanée du fond et de la forme – du signifiant et du signifié – autant il se soucie de remettre en question les moyens même de son expression en s’obligeant à ne pas s’installer dans une voie stylistique et donc à changer perpétuellement de manière d’envisager son travail : de l’expressionnisme à la sobriété graphique en passant par la reprise des grands maîtres ou de certaines œuvres emblématiques de l’histoire de l’Art. Son opiniâtreté à coller dès les 80’s des affichettes satyrico-politico-publicitaires lui vaut d’être considéré comme l’un des premiers acteurs de la mouvance des artistes urbains aujourd’hui labellisés « Street-Art » tandis que pour lui il s’agit de perpétuer l’expression libre politique dans la lignée des images de Mai 68.

30 années de recherche comme il aime à qualifier la progression de son œuvre, et plus de 100 expositions personnelles en France et à l’étranger à son actif, le p’tit bonhomme à tête de spirale n’a pas fini de nous sourire.

Principales expositions personnelles, avec les galeries Frédéric Roulette (Paris VIII°) – Les Singuliers (Paris VIIIº) – Le Cabinet d’Amateur (Paris XIº) – Galerie Moretti & Moretti (Paris IV°) – N.&C. (Paris IIIº) – Joaquin Parra (Paris IVº) – Jean Attali (Paris IV°) – L’Œil de Bœuf (Paris IVº) – L’Imprimerie (Amiens) – La Papeterie (Bruxelles – Belgique), à l’Institut Français de Naples (Italie) – Le Musée du Montparnasse (Paris XIV°).